Un bois sanglant

Liana avançait dans le silence de la forêt maudite. Ses coussinets se posaient avec la douceur d’une plume sur le sol, évitant soigneusement branches, amas de feuilles et autres brillants obstacles. La tête baissée, les muscles tendus à l’ extrême, la lionne traquait… Mais ce qu’elle traquait ainsi n’avait pas l’intention de se laisser attraper, et seule une chasseresse aussi maligne pouvait avoir une chance de lui mettre la patte dessus. Car en plus d’être véloce, la proie était dangereuse.

La Léonide regardait une silhouette debout, au bord d’une mare poisseuse. Elle s’avança encore, puis s’arrêta enfin. Elle prit sont élan, ramassa ses membres puissants, et bondit.

Le saut fut d’une force phénoménal, la propulsant directement sur sa cible. Ses griffes énormes pointées vers cette dernière, comme autant de poignards prêtes à la transpercer. Mais elles ne l’atteignirent jamais.

Alors que Liana était persuadé d’avoir déjà fini sa besogne, la silhouette bougea avec une vitesse surhumaine. Elle se retourna d’un mouvement, et jeta un genou à terre, levant les bras. Comme dans un ralentit terrible, Liana vit les mains plonger vers ses flans, de chaque cotés de son corps, tandis
qu’emportée par son saut, elle passait juste au dessus de son adversaire. Elle sentit les doigts frôler son corps, de ses hanches aux bouts de ses pattes arrière. Des doigts terminés par de longues et épaisses griffes noires.

Elle retomba assez lourdement sur le sol, sentant la brulure des écorchures palpitées sur ses cotes, elle se retourna d’une torsion et fit face à sa proie.

- Il t’a donc envoyée. Toi ! Sa propre chaire ! Tu me vois flatté ! Fit une voie rauque et grave, aux accents tendus ou suintait la peur

Liana ne répondit pas, tournant autour du male à la recherche d’une ouverture.

- Ma foi, il veut donc vraiment ma mort, puisqu’il prend un tel risque pour me tuer ! Ce n’est pas très charitable de la part d’un souverain !

*Tu a trahit ton peuple !* Crachat Liana par l’esprit.
*Tu es trop dangereux, tu as perdu l’esprit Arol, tu as commis le Crime de Sang ! Tu t’es condamné toi-même ! La Fièvre Rouge n’a pas de remède !*

Le male éclata de rire. Un rire sans joie, un rire de dément.

- Oui, singea t’il, je me confesse, j’ai commis ce crime terrible. Il ricana encore. Et tu veux que je te dise ? J’ai adoré ça !

*Tu es malade !*

Sans plus attendre Liana bondit. Cette fois, le male ne s’y attendait pas, la croyant trop blessée pour resauter a nouveau. Les griffes de Liana plongèrent dans les épaules de sa victime, qui poussa un rugissement de douleur. Il voulu la poignardée aussi mais elle avait déjà retiré ses griffes et sauter plus loin.
Il tituba, tentant de retenir le sang qui coulait de ses terribles blessures. Il tomba a genou, et la lionne majestueuse avança vers lui, implacable.

*Tu savais que tu courais à ta perte ! Le sang humain est un poison mortel ! et le faire couler est un crime !*

- Alors qu’on en finisse ! Cracha t’il, méprisant.

Elle grogna, puis d’un revers de patte d’une puissance dévastatrice, lui déchira la gorge. Il ouvrit de grands yeux, qui se voilèrent rapidement.

- C’était…si bon…

Il s’effondra enfin, son sang rouge carmin se répandant dans l’herbe courte du bord de l’eau. Elle le regarda un instant, puis se détourna, pour courir retrouver la salle d’audience avant l’entrée de la reine.
La tueuse avait accomplit sa tache.