Souffle du Désert

Souffle du désert.

L'aube se levait. Avec elle, les premiers oiseaux, rapaces aux longs becs effilés, rares mais présents, qui entamaient leurs rondes monotones dans le ciel d'azur. Aucun nuage ne se pressait au dessus de la longue plaine de sable. Rien ne se dessinait à l'horizon, si ce n'est quelques arbres desséchés aux feuilles rares, qui essayaient de survivre dans cet endroit sec, que toute vie semblait avoir déserté. Les étrangers y étaient proscrits, seule la mort les attendait dans ce désert aride. Pourtant, pour les yeux exercés des quelques nomades qui vivaient là, orcs ou humains, cette plaine était belle. Elle avait la beauté fascinante d'une vipère, une beauté dure, mortelle, même. Chaque jour, il fallait lutter pour vivre, mais c'était cette lutte acharnée qui amenait l'harmonie et le bonheur dans les tribus et les clans nomades. Les créatures des sables étaient à l'image du désert, ils vivaient invisibles, semblaient ne pas exister, pourtant la terre fourmillait de d'êtres vivants, des être tenaces qui s'accrochaient à la vie qui se battaient à chaque instant pour survivre. Car le désert était sans pitié, et s'il ne se faisait pas attention, le renard des sables se faisait dévorer par sa proie.

Dans ces plaines, l'orc marchait avec le soleil levant. Ses pas suivaient le rythme du désert. Il marchait les yeux fermés, guidé par l'esprit du lieu. Car le désert était partout, et vivait dans le cœur de ses habitants. Ses deux haches étaient attachées dans son dos, et tintaient, accordées à ses pas qui foulaient le sol avec la douceur d'un amant. Car de tous, le voyageur solitaire était celui qui aimait le plus le désert des longues plaines de sable. L'orc s'arrêta lentement, dans le temps de son environnement. Il posa sa main contre le sol, ramassant une poignée de sable. Les grains fins glissaient entre ses doigts épais et émettaient un doux frémissement en touchant le sol. Le vent en fit s'envoler quelques uns qui s'accrochèrent dans ses cheveux noirs aux reflets d'azur. Il sourit, et se remit en marche. Il se dirigeait, porté par le désert, vers le palais de la Reine.

* J'aime pas le soleil...* - Ah, t'as pas finis de te plaindre ??
* Je suis un loup, pas un coyote des sables, 'Py il n'y à rien à manger à part des scorpions et des touffes d'herbes.*
- J'ai de la viande séchée, de toutes façons on est bientôt arrivé.
Lyra et Oeil-de-Lune, son loup se turent. Lyra avait accepté une quête dans le désert qui consistait à se débarrasser de certains brigands dont un où la tête était mise à prix. Son domaine était la forêt et jusque là n'avait jamais traversé le désert mais elle ne s'était pas mal débrouillé et avait décimé la plupart des bandits, avec l'aide de son loup. Puis, elle était retournée voir son "chef" et avait reçu une bonne bourse. Elle partait maintenant en direction de la ville la plus proche. Parce que sans son pouvoir de parler aux animaux et aux plantes, elle n'aurait jamais survécus. Heureusement que bêtes savent où sont les oasis.
Ils marchèrent ainsi jusqu'au levé du soleil.
*Ha... On va pouvoir se reposer*
* Non, la ville est tout proche, on dormira las bas*
Lyra et Oeuil-de-Lune avaient l'habitude de marcher la nuit. Les proies étaient plus faciles dans la forêt et il faisait plus frais dans le désert.
* Je sens quelque chose*
- Ha ?
*Chuuut ! C'est un orc ! Ça pue !*
*T'inquiète pas j'ai l'air d'être une elfe maléfique. Tu sais, on va en rencontrer plein dans la ville et puis on a déjà tué des orcs, non ?*
*Dans la foret et non sans mal...*
Ils continuèrent de marcher doucement.
*Ha, ça y est, je le sent*
*Il nous a repéré*
*Bon et bien on y va*
Et Lyra s'approcha de l'orc suivi de son loup. Il fallait mieux lui parler que de tracer son chemin, au moins l'orc ne leur sautera pas dessus par derrière.
L'inconnu avait vraiment une sale tête d'orc

- Bonjour inconnu, Je me nomme Lyra et lui Oeuil-de-Lune, nous allons vers la ville... Enfin le palais où il y a la reine mais je ne suis pas sûre que nous sommes sur le bon chemin, je n'ai pas de boussole. Pouvez vous nous aider ?

Lyra se rendit compte qu'elle ne savait pas le nom de la ville. Elle n'avait pas mentit disant qu'elle n'était pas sûre du chemin car elle demandait son chemin aux plantes en demandant où était les routes mais il n'y en avait de moins en moins et celles ci ne se préoccupait pas des humains, tan qu'on ne les écrasaient pas.

L'orc leva la tête en fronçant les sourcils. Sa main glissa nerveusement sur le manche de bois poli de l'une de ses haches, sentant les grains du chêne rassurants sur sa peau chaude. Ses ongles griffus firent tinter les perles d'ivoire et de nacres accrochées au manche. Que faisaient ici une elfe et un rampant ? Le vent lui avait apporté l'odeur chaude et vivante de la femelle, l'odeur de mousse et de fougères du rampant. Ce n'était pas un chien. Les chiens ne sentaient pas ça. Les chiens sentaient la nourriture chaude, l'odeur de leur maitre ou celle des égouts. La pierre, sable du désert, lui apporta l'écho de leurs pas. Une guerrière. Et le rampant n'était pas un fennec, ni un coyote. Un loup ? Quel loup serait assez bête pour quitter sa meute ? Son territoire ? Ses forêts ? Un loup qui voyage avec une elfe, sûrement... Un loup domestique, un animal qui avait déjà perdu toute sa liberté, un chien-chien à sa maitresse, qui se croyait heureux et libre avec celle qu'il pensait aimer, mais qui n'était en fait qu'un esclave d'une créature cruelle, qui elle-même ne s'en rendait sûrement pas compte...
Elle s'approcha enfin à portée de ses yeux sombres. Il caressa le manche de sa hache et dévoila un peu ses crocs. Un jour, il avait juré, devant les corps ensanglantés de sa famille, de tuer tous les elfes purs et les humains qui étaient leurs alliés. Elle ressemblait à une noire, mais comment en être sûr ?

Quand elle prit la parole, il ferma les yeux. Une idiote. Il suffisait de savoir écouter le désert, car le vent et la pierre connaissaient tous les chemins. Ils ne fallait pas demander, pas prendre. Il fallait donner. Et le désert guidait. Mais les elfes ne pouvaient pas savoir. Les loups non plus. Pas les loups domestiqués. Il prit la parole d'une voix rocailleuse mais basse, les yeux toujours fermés, ses doigts épais caressant toujours le manche de sa hache.

"Je peux vous aider, Lyra et son rampant, oui. Mais pourquoi devrais-je le faire ? Qu'est-ce qui pourrais pousser un orc comme moi à aider des êtres comme vous ? Un jour, j'ai juré de tuer tous les elfes purs de ces contrées. Et toi, qui es-tu ? Dois-je faire chanter mes haches ? Ou dois-je te laisser me suivre à Glólith ?"

Si elle n'entachait pas son honneur, il ne la tuerait pas, il le savait déjà. Le vent ne le poussait pas dans ce sens. Ni dans l'autre d'ailleurs. Tout dépendrait d'elle...

- Glólith, c'est ça. Oui, c'est là où je veux aller...

Le loup avait légèrement relevé ses babines au mot rampant, son amour propre avait été effleuré. Lyra inspira profondément. Puis parla doucement, confiante

- Voyez vous, moi et mon loup, somment des vagabonds et nous vagabondons surtout dans les forêts. C'est pas notre point fort le désert. Je suis mercenaire pour payer ma nourriture et mes armes, le reste du temps, je reste tranquille en meute avec mon loup. Alors la politique, les relations entre les races, m'importe peut. Tout ce que je vois, c'est que vous n'avez pas dégainé vos armes et que vous êtes plus intelligent qu'une bête. Je ne vois pas vraiment ce que vous entendez par "orc comme moi" et pour tout vous dire, je ne sais pas si je suis de sang pure mais ça aussi, je m'en... Ca m'est égal. Ce n'est pas à moi de dire ce que vous devez faire où ce que vous devez penser. Je peu passer mon chemin si vous voulez.

Lyra regarda l'orc, il avait les yeux fermés. Drôle de gugus. Ses haches étaient bien aiguisées, et le loup lui en fit part. Il n'aimait pas les conflits inutiles puis proposa :

*Traçons*

Et le loup partit devant en regardant l'orc d'un mauvais oeil

*Attend !*
il s'arrêtât

*Il n'a rien à nous apporter, il ne veut même pas de nous, tu voulais savoir si on est sur la bonne route ? Il a dit qu'il y allait et il suivait cette direction, il nous a répondu sans s'en rendre compte*

Lyra esquiva un sourire, c'est vrai.

*Alors nous lui porteront compagnie*

*Ça nous retardera*

*Rhoo, soit pas de mauvais poil !*

*Je le serais tant que nous serons dans ce désert !*

*Alezz si ça se trouve on va se perdre*

*Bon... Mais j'aurai pu te guider, ça sent l'homme par là.*

*Evidament...*

Le loup s'assied là où il était.

L'orc rouvrit ses yeux noirs et les plongea dans ceux, profonds, de l'elfe. Sa main droite arrêta de caresser le manche de sa hache. Plus intelligents que des bêtes, mais pourtant animaux. C'est ainsi que tous les voyaient. Il passa sa langue sombre sur les défenses qui pointaient de sa bouche pour l'effrayer. Il la laissa finir sa tirade et s'avança vers son objectif, la dépassant.

"Venez avec moi. Nous y seront dans quelques jours. Je suis Wilwarin Whitfurrows, elfe Lyra. Quand à toi, rampant, quand tu m'auras prouvé que tu mérite de porter un nom de loup et pas celui d'un chien domestique, je t'appellerais par ton nom de loup. Mais je pense que cela n'arrivera jamais. Les loups ne s'allient pas aux deux pattes, Rampant."

Il ne s'occupa de leurs réactions. S'ils le suivaient, tant mieux pour eux. Sinon, tant pis. L'orc était bon marcheur, dans le désert, là où le vent et la pierre étaient les plus forts. Il pouvait marcher des jours sans s'arrêter, ses bottes de cuir brut faisant crisser le sable fin, ses deux lourdes haches dans le dos, les yeux fermés, silencieux. Mais elle ne suivrait sûrement pas. Les elfes étaient des sprinteurs. Des coureurs. Ils avaient besoin de dormir la nuit. Ou au moins une parte du jour. Ils avaient besoin de boire. Beaucoup. Et enfin, ils avaient besoin de parler. Même s'ils se disaient enfants du silence, tous les elfes aimaient la parole. Singeries... Mais il devrait la supporter, elle qui parlerait tout le temps. Il rouvrit son esprit à l'extérieur. Il était prêt à l'écouter, et même à répondre quand il le faudrait. Quand au fait qu'elle parle mentalement au loup en même temps, il n'y pouvait rien. Il avait décidé de ne pas prendre ça comme une insulte à son honneur, contrairement à ce qu'auraient fait d'autres orcs. Comment il avait deviné ? Facile. Cette inattention de ses deux compagnons ne pouvait pas être due à autre chose.

Lyra fut surprise de sa réaction, alors il les acceptait, tant mieux. Mais on voyait que l'orc ne portait pas dans son coeur son ami, oeil de lune. L'elfe sentit la frustration du loup, elle eu une envie folle de sauter au coup de l'orc, même si il pue et que sa chaire n'est pas bonne...

- Mais arrete !

Lyra avait parlé à haute voit sans s'en rendre compte.

*je fait ce que je veux*

*attend je vais lui expliquer*

- Monsieur Wilwarin, elle le rattrapa, Vous savez que tout les elfes ont des pouvoirs, et le mien, c'est en gros de me lier aux êtres vivants. Disons que je peux communiquer et resentir les sentiments des plantes et animaux qui y sont sensible. J'ai vécus toute ma jeunesse avec Oeil-de-Lune et a force de communiquer avec lui, il a acquis mes valeurs et moi les siennes. Je ne suis plus tout à fait une elfe et lui plus tout a fait un loup... Alors quand vous l'offensez, vous m'offensez également. Il a décidé de me suivre de son propre chef car on est une meute soudé et que j'étais dans le besoin. Mais vous ne pouvez pas savoir...

Voilà, elle lui avait dit son don, enfin il ne savait pas vraiment tout. Et ça avait l'aire de calmer son amis, tant mieux, elle ne voulait pas quitter l'orc. Même si il n'était pas beau, il avait l'aire d'être sympathique et n'avait pas l'aire d'être agacé des discours de l'elfe alors tout était parfait.
Le loup se leva lourdement, s'étira et trota jusqu'à Lyra, en gardent une bonne distance de l'orc en lui lansent des regards noirs et menaçents.

» RP dans le desert des terres noir